Envoyé spécial à Lyon

Faut-il vraiment jouer à se faire peur? Faut-il redouter, pour reprendre les mots bleus, «le vide» d’un retour à la maison dès ce samedi, le moral dans les chaussettes et le rouge au front, éliminés de la Coupe du monde par l’Italie avant même la phase finale? Ce vendredi soir à Lyon (21 heures, TF1), le XV de France dispute effectivement plus que son dernier match de la phase de poules. Il entame la conquête de son grand rêve. Le premier des quatre matchs éliminatoires qu’il lui faut désormais remporter pour, le 28 octobre au Stade de France, soulever enfin le trophée Webb Ellis. Plus le droit à l’erreur. Il s’agit de vaincre ou de périr.

Pour filer en quarts de finale et un choc probable contre l’Afrique du Sud, tenante du titre, le capitaine Charles Ollivon et ses partenaires doivent donc battre l’Italie. La belle affaire. Dix ans que les Bleus n’ont pas perdu contre la Squadra Azzurra, empilant depuis ce 3 février 2013, jour de honte à Rome, treize succès d’affilée. D’accord, le dernier en date, en début d’année, fut ric-rac. 29 à 24. Mais c’était en ouverture du Tournoi des six nations. Avec des joueurs français en pleine charge physique en vue du rendez-vous suivant à Dublin. Lestés de cette préparation, ils avaient manqué de répondant dans l’affrontement et sombré dans l’indiscipline. Une vilaine copie, qui rapetisse à peine l’excellente moyenne générale.

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Sept mois plus tard, à en croire le staff, les Bleus se présentent cette fois au pic de leur forme. Les batteries remplies à ras bord pour aborder l’intense parcours du combattant de ce mois d’octobre. Un Grégory Alldritt le visage embrasé de fierté l’a confirmé. «J’ai battu ma vitesse max cette semaine, j’ai dépassé les 30 km/h…» Trébucher au premier obstacle serait dès lors le comble. Impossible, est-on tenté d’affirmer vu la méticulosité de la programmation depuis quatre ans. Plus de quarante matchs et deux fois plus de semaines d’entraînement tournés vers le même but: être enfin sacré. Et que cette dernière ligne droite débute sans le meilleur joueur du monde, Antoine Dupont, mais avec Maxime Lucu, ne change rien à l’ambition. Le demi de mêlée de l’UBB peut d’ailleurs se targuer, en 17 sélections (mais seulement cinq titularisations), de n’avoir jamais perdu avec le XV de France.

L’Italie, elle, croyait s’être rapprochée des gros bras et enfin en mesure de bousculer la hiérarchie. Le retour sur terre fut brutal il y a huit jours face aux All Blacks. La pire déroute de son histoire (96-17). Si quelqu’un doit faire des cauchemars, c’est plus Ange Capuozzo que Damian Penaud, victorieux, lui, de la Nouvelle-Zélande lors du match d’ouverture. Bien sûr, il faut rester vigilant quand on est joueur français. En rajouter plutôt que de minimiser le danger. Fabien Galthié est donc dans son rôle quand il brandit la menace d’une «grosse réaction» de l’Italie, «bête blessée». «Ce sont des Latins et c’est un match où ils ont tout à gagner.» Le message a été reçu. «Ils ont de l’orgueil, de l’amour-propre. Ils vont vouloir laver l’affront», renchérit Charles Ollivon. «Ils vont être revanchards et vouloir montrer un autre visage», prolonge le talonneur Peato Mauvaka. Et tous de répéter qu’il «faut respecter» ces Italiens.

Évidemment qu’il s’agit de les respecter. Pour les battre sans trembler. Pour ne pas laisser trop de forces, trop de jus, dès le premier rendez-vous éliminatoire. À condition de ne pas se mettre à gamberger dès que la tension monte, la pression augmente. Le guerrier Alldritt assure que ce ne sera pas le cas. «Personne n’a eu besoin de parler en début de semaine, tout le groupe est conscient qu’on entre désormais dans le vif du sujet. Tout le monde a basculé aussitôt en mode match éliminatoire. Et on adore tous ça…» Les supporteurs également. Le frisson va s’intensifier, le cœur battre plus fort. La Coupe du monde commence (enfin) pour de bon. Et c’est une sensation délicieuse.

LA COMPOSITION DE LA FRANCE : Ramos – Penaud, Fickou, Danty, Bielle-Biarrey – Jalibert (o), Lucu (m) – Ollivon (cap.), Alldritt, Jelonch – Flament, Woki – Atonio, Mauvaka, Baille. Remplaçants : Bourgarit, Wardi, Aldegheri, Taofifenua, Cros, Couilloud, Moefana, Jaminet

LA COMPOSITION DE L’ITALIE : Capuozzo – Bruno, Brex, Garbisi, Ioane – (o) Allan, (m) Varney – Lamaro (cap.), L. Cannone, Negri – Ruzza, N. Cannone – Ceccarelli, Faiva, Ferrari . Remplaçants : Manfredi, Zani, Riccioni, Sisi, Zuliani, Fusco, Morisi, Pani.

La France

Qualifiée si…

Elle bat l’Italie.

Elle fait match nul avec l’Italie.

Elle perd contre l’Italie avec les deux points de bonus offensif et défensif et l’Italie gagne sans bonus.