Envoyé spécial à Lyon
C’est un XV de France brillant qui n’a fait qu’une bouchée des Transalpins pour valider sa qualification pour les quarts de finale. Mais dimanche prochain, au Stade de France, les Bleus feront face à un adversaire d’un autre calibre.
Le rendez-vous est fixé. Dans neuf jours, le XV de France partira à l’assaut d’un quart de finale titanesque contre, selon toute probabilité, l’Afrique du Sud, championne du monde en titre (si l’Ecosse ne joue pas un mauvais tour, improbable lui, à l’Irlande ce samedi soir au Stade de France). Les Bleus l’aborderont la confiance à plein. À Lyon, ils se sont grandement rassurés en balayant l’Italie 60 à 7, en inscrivant huit essais. Assurant solidement leur première place de la poule A. Physiquement, ils sont effectivement au meilleur de leur forme, comme annoncé par le staff. Et leur jeu est bien en place, rude devant, électrique derrière. Reste à savoir – le chirurgien qui l’a opéré donnera son feu vert, ou non, lundi – si ce sommet dyonisien en haute altitude se disputera avec Antoine Dupont, acclamé par les 58 000 spectateurs quand son coquard sous l’œil droit est apparu sur le grand écran du Parc OL.
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Le (faux) suspense n’a pas duré longtemps vendredi soir dans un Parc OL archi-comble. Des charges dans l’axe des avants, servis inlassablement par un Maxime Lucu appliqué, des Italiens qui reculent, reculent, et l’infernal trio Jalibert-Ramos-Penaud débute son festival. Essai de l’ailier de l’UBB et 7-0 après moins de deux minutes. Idéal pour étouffer d’entrée les espoirs transalpins. Une pénalité lointaine de Ramos et c’est au tour de Louis Bielle-Biarrey de s’illustrer. Servi au pied par Damian Penaud, le gamin casqué de rouge met trois défenseurs dans le vent pour s’en aller aplatir. Déjà 17-0 à la 13e minute. À peine le temps de savourer que, profitant à nouveau de l’énorme travail de sape de ses avants, Matthieu Jalibert navigue devant la ligne blanche, sert Penaud, qui remet à Ramos. La triplette a encore frappé et la messe est déjà quasiment dite (24-0, 22e). Il y aura bien un sursaut italien – enfin -, une grosse séance de pick and go qui aboutira par un essai en force du pilier Ferrari. Essai refusé après vidéo pour une grosse percussion à vide du même Ferrari sur Lucu.
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La maigre menace est passée. Place à la masterclass. La mêlée française emporte son homologue sur une vingtaine de mètres, Lucu ouvre vers Fickou qui transmet à Jalibert. Juste avant d’être plaqué, l’ouvreur adresse une merveille de coup de pied à Penaud. Essai transformé par Ramos, infaillible le long de la ligne de touche à gauche comme à droite (16 points inscrits en première période) et un autoritaire 31-0 à la pause, bonus offensif déjà en poche. Les Bleus ajouteront quatre essais de plus en seconde période pour s’imposer aisément 60 à 7, le plus large écart de l’histoire des confrontations entre ces deux nations (le précédent record datait de… 1967).
Romain Ntamack forfait, Antoine Dupont absent en attente du verdict de son chirurgien lundi, la charnière toulousaine avait cédé la place à la paire 100% UBB. Et le résultat a été probant. Maxime Lucu, demi de mêlée tout en sobriété, a été un distributeur de passes. Rapide, propre, efficace. Un parfait relais entre avants et trois-quarts, sans la moindre fausse note. La présence de son coéquipier de club a libéré un Matthieu Jalibert en feu. Des intervalles croqués à pleines jambes, des inspirations pour lancer le mouvement jusqu’à l’en-but adverse, des passes décisives à la main, au pied. Et une action personnelle pour illuminer un peu plus la ville des frères Lumière : feinte, accélération, crochet, essai. Certes, ce n’était que l’Italie, redevenue modeste lors de cette Coupe du monde (156 points concédés contre la France et la Nouvelle-Zélande, quand les Uruguayens, eux, en ont encaissé… 100), mais une alternative existe bel et bien. Et si, dimanche prochain, Lucu débutait la rencontre avant de passer le relais en cours de quart à Dupont ?