Le Hamas est coutumier de la prise d’otages comme moyen de pression pour obtenir la libération de détenus palestiniens. L’organisation islamique au pouvoir dans la bande de Gaza se vante d’avoir eu de nouveau recours à cette méthode samedi en enlevant 35 Israélien civils et militaires espérant ainsi rééditer le succès remporté en juin 2011. À l’époque l’État hébreu avait relâché 1027 détenus en échange du soldat franco-israélien, le sergent Gilad Shalit, détenu dans la bande de Gaza.

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Ce militaire au physique fragile avait été kidnappé en 2006 près de son char, près d’un point de passage entre Israël et la bande de Gaza. Il avait ensuite fallu cinq années d’âpres marchandages, de manœuvres dilatoires, de manipulations pour parvenir à un accord. Le Hamas avait utilisé à fond cette carte en rendant public des vidéos poignantes du soldat devenu un «héros malheureux» bien malgré lui. Très amaigri, Gilad Shalit avait été accueilli à la fin de son calvaire par Benyamin Nétanyahou, déjà premier ministre à l’époque.

Avant même l’infiltration sans précédent par son ampleur dans le sud d’Israël de samedi, le Hamas disposait déjà d’une «monnaie d’échange». Les islamistes réclament depuis des années la libération de détenus contre la restitution des corps de deux soldats israéliens, Hadar Goldin et Shaul Oron, tués lors d’une opération en 2014 dans la bande de Gaza. Deux autres civils israéliens, Avera Mengistu d’origine éthiopienne et l’autre, Hisham Al-Sayed un bédouin, souffrant apparemment de problèmes psychologiques, ont été arrêtés respectivement en 2014 et 2015 par le Hamas après s’être infiltrés pour des raisons restées confuses dans la bande de Gaza. Dans ce cas aussi, le Hamas exige des contreparties pour les relâcher. Mais les négociations traînent en longueur.

Seule certitude : Benyamin Nétanyahou, le premier ministre, devra à un moment donné ou à un autre, une fois les premières représailles lancées, tenir compte de la présence d’otages à Gaza. D’ores et déjà une jeune femme en pleurs, habitant une des localités proches de la bande de Gaza envahie par des combattants islamistes, a ému l’opinion publique en expliquant à la «12», une chaîne de télévision, qu’elle avait reconnu son père parmi les photos d’Israéliens kidnappés diffusées fièrement par le Hamas sur les réseaux sociaux. L’armée notamment la censure militaire a, dans un premier temps, refusé de confirmer ces rapts pour ne pas semer la panique.

Les islamistes, de leur côté, se préparent activement à jouer sur cette corde hypersensible pour obtenir la libération d’un maximum de prisonniers. Benyamin Nétanyahou va subir une pression des familles encore plus intenses que celles dont il fait l’objet dans le cas de Gilad Shalit, avant de céder finalement au diktat du Hamas.

Il dispose actuellement d’un «vivier» d’environ 4500 détenus palestiniens condamnés, en cours de jugement ou en détention administrative pour «activités terroristes». La libération d’un gros contingent de détenus, une question essentielle pour la population palestinienne, ne manquerait de donner un énorme coup de fouet à la popularité du Hamas, aussi bien dans la bande de Gaza, mais aussi en Cisjordanie où l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas, le grand rival des islamistes, bat des records d’impopularité.