C’est une déclaration en forme d’appel. Pour éviter un nouveau dérapage de l’inflation, Christine Lagarde estime que les entreprises ont un rôle important à jouer. Dans un entretien accordé pour le premier numéro de La Tribune Dimanche ce dimanche 8 octobre, la présidente française de la Banque centrale européenne (BCE) affirme que celles-ci «ont intérêt» à «accepter de prendre sur leurs marges – qui n’ont pas beaucoup évolué en 2022 – une partie des augmentations de salaire qui seront négociées cette année et la suivante».
Au risque sinon de se mettre à dos les consommateurs. «L’opinion publique fera pression. Les pouvoirs publics également», anticipe l’ancienne directrice générale du Fonds monétaire international (FMI). En France, celle-ci a déjà commencé. Il suffit de penser par exemple aux déclarations d’Emmanuel Macron appelant le 24 septembre dernier à «un accord sur la modération des marges dans tout le secteur» agroalimentaire. Et même, «la baisse de la demande devrait (…) conduire» les entreprises à emprunter cette voie, juge dans l’hebdomadaire Christine Lagarde.
Cette réduction des marges est en tout cas «l’hypothèse intégrée dans (les) prévisions économiques» de la BCE. Car l’institution imagine que «les entreprises se comporteront de la même façon que lors de crises précédentes, c’est-à-dire en réduisant un peu leurs marges pour intégrer une partie des hausses de salaires», explique Christine Lagarde. Si tel n’était pas le cas, l’inflation pourrait être revue à la hausse et les perspectives de croissance au contraire à la baisse.
Selon les dernières prévisions de la BCE, l’inflation dans la zone euro devrait retomber à 5,6% cette année – après 8,4% en 2022 -, puis à 3,2% en 2024 et 2,1% en 2025. «L’inflation persiste, mais elle décroît. Elle est même en décélération constante. C’est une bonne nouvelle», s’est félicitée Christine Lagarde dans La Tribune Dimanche. Quant à la croissance, elle devrait s’afficher, selon la BCE, à 0,7% en 2023 – contre 3,5% en 2022 -, 1,0% en 2024 et 1,5% en 2025.
Au-delà du comportement des entreprises, la patronne de la Banque centrale européenne juge que l’autre incertitude pesant sur les perspectives économiques à court terme du continent tient aux prix de l’énergie. «Je pense qu’il faut s’habituer à l’idée que le prix du pétrole restera élevé. Ce qui doit nous inciter encore plus à poursuivre la lutte contre le changement climatique et à évoluer vers un mix énergétique moins dépendant des énergies fossiles et de fournisseurs extérieurs», pointe l’ancienne ministre française de l’Économie.