«Je n’ai jamais vu une chose pareille de toute ma vie.» Quatre jours après le début des attaques terroristes du Hamas en Israël, soldats du Tsahal et journalistes internationaux ont découvert l’horreur qui a frappé, samedi au petit matin, les deux kibboutz de Kfar Aza et Beeri, situés dans l’État hébreu, à seulement quelques kilomètres de la frontière de la bande de Gaza. Les deux localités ont été investies par le groupe islamiste, qui n’a laissé que des corps derrière lui.
La presse étrangère a été autorisée ce mardi par les forces de défense israéliennes à entrer dans le kibboutz de Kfar Aza, qui ont repris son contrôle ces derniers jours. «Je n’ai jamais vu une chose pareille de toute ma vie. Vous voyez les bébés, les mères, les pères, dans leurs chambres, dans leurs bunkers de protections, et comment les terroristes les ont tués, témoigne le major israélien Itaï Virov à l’agence de presse. Ce n’est pas une guerre, ce n’est pas un champ de bataille. C’est un massacre, c’est une activité terroriste», a-t-il ajouté.
Des rumeurs, reprises par la chaîne israélienne i24 News, elle-même relayée par le compte X (anciennement Twitter) du ministère israélien des Affaires étrangères, font même état d’enfants décapités, mais aucune confirmation d’une telle information n’a été apportée jusqu’ici par un autre média. Les soldats israéliens s’affairaient mardi à sortir du kibboutz les corps des victimes et des terroristes du Hamas.
Sur place, des journalistes témoignent de la présence de carcasses de camions et de la fumée s’élevant du kibboutz suite à la réaction militaire d’Israël. Selon Tsahal, 70 membres du Hamas avaient envahi Kfar Aza. Plusieurs militaires israéliens interrogés par l’AFP font état de plus de 100 morts civils, parfois 150.
Dans une partie du kibboutz réservée aux jeunes adultes, de petites maisons sont noircies, a constaté un journaliste de l’AFP. Les Palestiniens «les ont incendiées, pour forcer leurs occupants à sortir» et ensuite les mitrailler, raconte un officier israélien de 24 ans, Omer Barak. «Mais beaucoup ont préféré périr incendiés, peut-être intoxiqués par la fumée, plutôt que d’être tués par les terroristes», poursuit-il. «Nous avons trouvé beaucoup de cadavres à l’intérieur des maisons.» Lui qui s’est battu deux jours durant pour libérer Kfar Aza s’est dit «terrifié» une fois le kibboutz repris : «Je n’avais jamais rien vu de pire. J’ai craqué quand j’ai vu les corps de deux enfants assassinés.»
À quelques encablures, les mêmes scènes d’horreur étaient visibles dans le kibboutz de Beeri. «Plus de 100 personnes» y ont été tuées, d’après l’ONG Zaka, qui a participé à la collecte des corps. «Ils tiraient sur tout le monde», «ils ont assassiné de sang-froid des enfants, des bébés, des gens âgés, tout le monde», a témoigné Moti Bukjin, le porte-parole de l’ONG.
Samedi à l’aube, après avoir franchi la barrière frontalière qu’Israël considérait comme imprenable, des centaines d’assaillants du Hamas s’étaient engouffrées dans des localités juives du sud du pays, allant de maison en maison, abattant des citoyens ou les enlevant pour les ramener dans la bande de Gaza. Depuis, Israël pilonne la bande de Gaza. Le premier ministre du pays, Benjamin Nétanyahou, a annoncé lundi soir qu’une «attaque massive» se préparait en guise de représailles.