Nicolas Sarkozy et François Hollande ont beau avoir quitté l’Élysée depuis onze et six ans, ils jouissent toujours des largesses de l’État. Les anciens présidents de la République bénéficient en effet d’un «soutien matériel et humain» à vie, encadré par le décret n°2016-1302 du 4 octobre 2016. Un intitulé sibyllin pour des gratifications généreuses. Locaux meublés et équipés «dont le loyer, les charges et les frais généraux sont pris en charge par l’État», rémunérations de trois à sept membres de cabinet et d’un ou deux agents de service, prise en charge des frais de réception et de déplacements de l’ancien président et d’un de ses collaborateurs, véhicule attitré et ses conducteurs…

En juillet dernier, la députée socialiste Christine Pirès-Beaune avait demandé par écrit à l’exécutif le montant de ces faveurs présidentielles. Et c’est la première fois que la secrétaire de la Commission des finances, habituée de la question, obtient une réponse aussi précise. «C’est assez exceptionnel que Matignon dévoile de la sorte les détails de la facture 2022», expose l’entourage de l’élue au Figaro. Chiffres à l’appui que nous vous dévoilons.

La palme d’or des dépenses matérielles revient à François Hollande. La note de l’ancien maire de Tulle grimpe à 221.074 euros quand celle de Nicolas Sarkozy ne monte qu’à 196.981 euros. Dans le détail, les locaux de l’homme de droite sont les plus onéreux, mais les frais complémentaires de l’ex-président du conseil général de Corrèze équilibrent la balance. Les bureaux de Nicolas Sarkozy, situés au 77 rue de Miromesnil ont coûté 169.646 euros aux contribuables l’année dernière. Ceux de François Hollande, au 242 rue de Rivoli, seulement 153.903 euros.

Un écart vite rattrapé par les «frais liés aux anciennes fonctions». Sur ce plan-là, François Hollande fait la course en tête dans toutes les sous-catégories (dépenses logistiques, informatiques, déplacements et représentations), avec un total à 67.171€ – contre 27.335€ du côté de Nicolas Sarkozy. À noter les frais de représentations (incluant les frais de réception) de l’ancien maire de Tulle s’élèvent à 47.641 euros, alors que son prédécesseur n’en a tout simplement aucun. Nicolas Sarkozy n’occupe la première place que dans les dépenses informatiques (20.742 euros), où il devance largement François Hollande et son addition à 10.757 euros.

À cela s’ajoutent les frais de sécurité (protection humaine assurée par la police ou la gendarmerie et les moyens sécurisés de déplacement), pris en charge par le ministère de l’Intérieur, qui s’élèvent à 1 210 286 euros pour François Hollande et 1 303 050 pour Nicolas Sarkozy. Et la rémunération des membres de cabinet, fixée selon la grille statutaire pour les fonctionnaires et selon leur qualification pour les contractuels. À ce sujet, les services comptables de Matignon précisent qu’«au 31 décembre 2022, la moyenne des deux rémunérations les plus hautes et les plus basses est de 6392€ net pour le cabinet du président Nicolas Sarkozy et de 5448€ net pour le cabinet du président François Hollande».

À noter que depuis mai 2022, le cabinet de l’ancien secrétaire du Parti Socialiste a été réduit comme le prévoit le décret. Cinq ans après la fin de leurs fonctions, le nombre de collaborateurs maximum passe de sept à trois, et d’agents de service de deux à un. «La superficie des locaux dont le coût est pris en charge par l’État» est alors réduite en conséquence. Les économies annuelles sont estimées à 50.000 euros côté Nicolas Sarkozy et 33.000 euros côté François Hollande.

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Cumulés, les moyens matériels et humains alloués par l’État à Nicolas Sarkozy sont légèrement supérieurs à ceux octroyés à François Hollande. En 2022, les dépenses additionnées de Matignon et du ministère de l’Intérieur atteignent 1 500 031 euros pour le premier et 1 431 360 pour le second. Deux ardoises en réalité sous-estimées puisque les rémunérations des collaborateurs des anciens présidents ne sont pas prises en compte. D’autant que tout le premier trimestre, les collaborateurs de François Hollande étaient deux fois plus nombreux. Au point que l’un et l’autre doivent peser tout autant sur les épaules des contribuables. Soit, aux alentours de 3 millions d’euros.