Les jours se suivent et ne se ressemblent pas dans les colonnes du quotidien L’Equipe. Mercredi, Marcelino avait ainsi fait part, dans un entretien, de toute sa déception, de son amertume et de son indignation quant à l’environnement hostile entourant l’Olympique de Marseille, ce qui l’avait conduit à prendre la tangente en pleine crise avec les ultras du club. Ce jeudi, changement de ton complet avec Marco Verratti, qui est revenu sur son départ du Paris SG pour la formation qatarienne d’Al-Arabi. Sans la moindre animosité, et avec, au contraire, beaucoup de reconnaissance.
«Le PSG m’a donné tout ce dont je pouvais rêver», rappelle ainsi d’emblée l’Italien. «Le foot est toujours resté un jeu pour moi, or le club m’a offert la possibilité de vivre au plus haut niveau quelque chose que j’aurais fait avec mes potes… C’est pour ça que je serai toujours reconnaissant et que je ne ferai jamais un problème contre le club. Dans le foot, les choses évoluent. J’ai joué là onze ans, peut-être veulent-ils faire autre chose. Le plus important est qu’on se quitte en bons termes.» Et si besoin était, il ajoute encore, quelques instants après : «Tu ne fais pas onze ans dans une équipe si tu n’es pas amoureux. J’ai eu beaucoup de propositions au fil des ans et même si j’ai pu réfléchir, ma priorité a toujours été de rester ici.»
Même vis-à-vis du nouvel entraîneur du PSG, Luis Enrique, Marco Verratti ne conserve aucune rancune particulière : «À la reprise, j’ai eu un entretien avec le coach, il m’a dit que je ne faisais pas partie de ses plans. C’est un très grand entraîneur, il fait de bonnes choses avec le PSG. Je n’y ai pas vu une décision personnelle. Je n’ai jamais eu d’ennemis dans la vie, je préfère les choses claires. Il m’a juste dit qu’il voulait changer. Que j’avais fait beaucoup d’années ici, qu’il voulait quelque chose de nouveau. Pour moi, les choses n’arrivent jamais par hasard. Le club voulait que j’aille voir ailleurs, donc j’ai commencé à discuter avec des équipes et j’ai choisi le Qatar. Chacun a sa vision du jeu. Je pense que Luis Enrique avait besoin d’autres joueurs. Je n’ai rien contre lui, on a eu de très bonnes relations. Je m’entraînais tous les jours au maximum, il ne peut rien dire de mal sur moi. Parfois il y a des changements et c’est bien aussi.»
Désormais âgé de 30 ans, et après onze années passées au sein du club de la capitale avec qui il a remporté la bagatelle de 30 titres, l’Italien a vu passer une pléiade de joueurs, des plus grandes stars aux jeunes talents ambitieux. Un, parmi tous ceux qu’il a côtoyés, l’a marqué plus que les autres. «Zlatan a beaucoup apporté – je parle aussi pour le club. Il a amené cette conviction, l’idée qu’il fallait toujours rêver grand. Même quand on ne partait pas favoris, Ibra donnait confiance à tout le monde pour tout donner. Cela valait aussi pour les salariés du club : il les poussait toujours au maximum. C’était dur, il pouvait être méchant, mais dans un groupe, un mec comme ça te fait grandir. Après, il y a tellement d’autres joueurs… Même Kylian (Mbappé) a apporté quelque chose d’incroyable, sur le terrain il nous a fait passer un cran au-dessus.»
Et le Transalpin de revenir, aussi, sur ce qui a changé au fil du temps selon lui au sein du PSG. Sans aucune langue de bois. «Les premières années, on était un groupe très soudé. Les Français, les Italiens, les nouveaux… C’est aussi une autre génération. Les problèmes du vestiaire y restaient, on se parlait entre nous. On était amis, quoi, on partait en vacances ensemble. Au début c’était un peu dur avec les Français mais après on était toujours ensemble, les Douchez, Chantôme, Jallet, même le 4e gardien. Tous dans le même objectif. Ensuite, on a eu des équipes plus fortes mais moins unies. Quand tu gagnes, c’est facile d’être amis. Mais quand les premiers problèmes arrivent tu vois si c’est vraiment un grand groupe. Je pense que c’est le problème qu’on a eu par la suite, ce n’était plus pareil.»
Enfin, Marco Verratti n’élude pas la question entourant son hygiène de vie, parfois (souvent) parsemée de folles soirées parisiennes. Sur le sujet, le Transalpin reste droit dans ses bottes, armé de ses convictions et de son caractère. «C’est ma façon d’être. Pour moi, le foot a toujours été un jeu. Après, j’ai une vie. Les plaisirs que je prenais c’était aller au resto, prendre un verre de vin quand il n’y avait pas d’entraînement. Il y a des joueurs qui se cachent, moi j’ai toujours assumé, dans la vie comme sur les terrains. Je pense que les gens m’aiment un peu aussi pour ça : ils voient que je suis normal. Je savais les moments où je pouvais manger avec mes amis, sortir en boîte quand j’étais plus jeune. J’ai passé onze ans ici, c’est normal que les gens m’aient croisé plus que d’autres. Je ne vais pas rester tous les jours à la maison.»