Pour les consommateurs, l’horizon des prix alimentaires se dégage enfin. Après avoir connu en septembre leur premier repli mensuel (-0,3%) depuis près de deux ans, ils devraient rester «globalement quasi stables» jusqu’à la fin de l’année, prévoit l’Insee dans sa dernière note de conjoncture, publiée ce jeudi. «Pour la suite de l’année, nous prévoyons des prix alimentaires stables ou quasi stables en variation mensuelle, a expliqué Julien Pouget, chef du département de la conjoncture à l’Insee, lors d’une conférence de presse. C’est une nette inflexion par rapport au début de l’année 2023, où les variations mensuelles se situaient plutôt autour de 1,7-1,8%.»
Résultat, en glissement annuel, les prix de l’alimentation «poursuivraient leur net freinage enclenché depuis le mois de septembre», a précisé son collègue Olivier Simon, chef de la division synthèse conjoncturelle. Selon l’Insee, l’inflation alimentaire refluerait ainsi à environ 7% en décembre (après 9,6% en septembre), soit un niveau plus de deux fois moins élevé qu’à son pic de mars dernier (15,9%). L’inflation d’ensemble s’élèverait elle à 4,4% sur un an en décembre. «De fait, les prix alimentaires ont ralenti fortement depuis le printemps et ont même en moyenne baissé sur un mois en septembre, notamment ceux des produits hors frais, en lien avec le retournement récent des prix à la production des industries agroalimentaires et plus encore des prix agricoles à la production», constate l’institut statistique.
Pour l’Insee, ces prévisions ne sont pas à l’abri d’être affectées par certains aléas. Julien Pouget cite, concernant les prix alimentaires, les négociations commerciales entre producteurs et distributeurs. Toutefois, rien ne devrait véritablement bouger avant la prochaine session de négociations annuelles, que le gouvernement veut avancer. Un projet de loi pour fixer leur date butoir à la mi-janvier – au lieu du mois de mars – a été adopté lundi à l’Assemblée nationale. Il doit arriver en séance publique au Sénat le 26 octobre, pour une publication du texte espérée par l’exécutif pour la mi-novembre.
Couplé à un pouvoir d’achat «plus dynamique» ( 1,2% en 2023), ce ralentissement des prix alimentaires en rayons devrait avoir un impact sur la consommation, note l’Insee. Et éloigner le spectre d’une déconsommation durable. Au global, la consommation devrait avoir rebondi au troisième trimestre ( 0,4%), tirée par la consommation de biens, et continuer de progresser en fin d’année, quoique plus modérément ( 0,2%). «En particulier, les achats de biens, et notamment de produits alimentaires, progresseraient à nouveau» au quatrième trimestre, estime l’Insee.
D’ailleurs, sur les habitudes alimentaires des ménages, l’institut remarque que «la part de ménages déclarant avoir changé leurs habitudes alimentaires du fait de l’inflation a (…) cessé de progresser en septembre». Un signal positif, qui ne doit pas dissimuler le fait que la proportion de Français contraints de changer leurs comportements reste très élevée (47%). En septembre, davantage de ménages ont même dit avoir réduit les quantités consommées (17%, contre 14% en juin).