«Si j’étais Ronald Koeman, je construirais une équipe autour de Xavi Simons». Voilà ce que disait Rafael Van der Vaart dans un entretien à NOS Sport, début février. L’ancienne star néerlandaise en remettait une couche quelques semaines plus tard, pour Voetbal International : «Il peut devenir le meilleur au monde». Rien que ça… Les éloges, le joueur du RB Leipzig n’en manque pas, et c’est bien normal, lui qui sort d’une grosse saison sous les couleurs du PSV Eindhoven et qui confirme en Allemagne depuis le début de la campagne 2023-24.
Pour ce qui est de la deuxième affirmation de Van der Vaart, on a le temps de voir. Au sujet de la première, Koeman n’a pas trop le choix pour ce rassemblement : les Oranje doivent composer sans de nombreux cadres, forfaits (Memphis, De Ligt, De Jong, Botman, Gakpo) ou non-convoqué (Wijnaldum). Quand il évoque les «surprises» qui pourraient émerger face aux Bleus, ce vendredi (20h45, TF1), ou en Grèce lundi, Koeman pense sans doute au moins en partie à lui. Une chose est sûre : l’ancien coach du Barça n’a pas attendu de voir ses joueurs tomber comme des mouches pour accorder sa confiance au natif d’Amsterdam, élevé au grain à la Masia (2010-19) puis formé au PSG (2019-22) avant de voler de ses propres ailes aux Pays-Bas la saison passée et en Allemagne, aujourd’hui.
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Sélectionné pour la première fois par Louis van Gaal fin 2022 pour la Coupe du monde 2022, «un rêve devenu réalité» comme il l’avait déclaré à l’époque, Xavi Simons n’avait disputé qu’une poignée de minutes au Qatar, en 8es de finale contre les États-Unis (3-1), ses toutes premières en A. Non utilisé lors de la phase de poules, il n’était pas rentré en jeu lors de l’élimination houleuse face à l’Argentine (2-2 ap, 5-6 tab), en quarts. Depuis le Mondial, il est en revanche titulaire à chaque fois. Ronald Koeman a couché son nom dans le 11 de départ de son équipe à six reprises, portant donc son total de sélection à sept. Et il y a donc fort à parier que ce sera de nouveau le cas ce vendredi. D’ailleurs, Xavi Simons n’avait pas été le plus mauvais lors de la débâcle néerlandaise au Stade de France (4-0) à l’aller, en mars dernier. C’était sa première titularisation. Le brillant attaquant de 20 ans n’a toutefois pas encore fêté son premier but.
Une petite incongruité quand on voit le rythme qui est le sien en club… Peu utilisé à Paris (11 matches, 0 but, 1 passe décisive), il a soufflé telle une tornade aux Pays-Bas : 22 buts et 12 passes décisives en 48 matches sous les ordres de Ruud van Nistelrooy, qui se serait bien vu le garder au PSV l’été dernier. «C’est un joueur clé pour nous. Je n’avais pas encore à ce niveau à cet âge», s’enflammait l’ancien fer de lance de Manchester United, en février. Las, il claquait lui-même la porte du club d’Eindhoven à l’intersaison. Un choix qui a sans doute pesé dans la balance. Parti libre en 2022 avec une clause qui donnait une priorité au PSG, Simons cédait ainsi aux sirènes parisiennes.
Et ce alors que Koeman était plutôt partisan de le voir rester au PSV. «Xavi Simons est un bon garçon, il m’a appelé cet été pour me parler de son avenir. C’est important qu’il joue, il a bien fait de jouer pour le PSV et j’espère qu’il y restera car il joue régulièrement. Pour un jeune homme, il est important de jouer. C’est un grand joueur et il sera un grand joueur», lâchait le sélectionneur en juillet, à Mundo Deportivo.
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C’est en tout cas un coup de maître pour Nasser Al-Khelaïfi, très actif dans ce dossier : 6 M€ ! Pour un joueur aussi jeune et prometteur, efficace, professionnel, fin techniquement et… star des réseaux sociaux, c’est une affaire. Signataire d’un contrat de cinq ans, Xavi Simons n’était toutefois pas certain de trouver sa place dans la rotation parisienne. Il rejoignait donc Leipzig, en prêt sans option d’achat. Un club à taille humaine, connu pour faire pousser les jeunes talents et où Marco Rose, l’entraîneur, a su trouver les mots. «C’est l’un des facteurs qui m’a poussé à venir ici, il me voulait vraiment. J’ai eu une bonne impression», a-t-il dit lors de son arrivée chez les Taureaux rouges, évoquant «un grand pas en avant». C’était en anglais, ce sera bientôt en allemand. Polyglotte, il manie aussi l’espagnol, le néerlandais et le français, ayant en plus appris le Catalan lors ses années à Barcelone. «En janvier, je ferai ma première interview en allemand», claironne-t-il en forme de défi qu’il s’impose.
Le tout avec l’ambition de «réaliser quelque chose (à Leipzig) et de laisser (sa) marque sur le club». C’est bien parti. Xavi Simons est directement impliqué sur sept buts depuis le début de saison (3 buts, 4 passes décisives). La greffe a pris immédiatement. C’était d’autant plus simple que l’intéressé a retrouvé plusieurs de ses anciens coéquipiers au RasenBallsport (Bitshiabu au PSG, Olmo, Moriba au Barça), sans compter plusieurs francophones (Openda, Haidara, Simakan, Lukeba) et de nombreux anglophones. Pour le reste, le style Rose lui convient parfaitement sur le terrain, c’est assez clair. À noter qu’il a compilé ces statistiques en… trois matches. Pas de but ni de passe décisive lors de ses cinq dernières sorties, y compris en C1.
On pouvait se demander si Xavi Simons tiendrait le choc physiquement en Bundesliga. La question est déjà répondue. «J’ai été très surpris. On a vu le CV, Barça, PSG, on savait qu’il savait jouer au foot, mais il n’est pas immense. Certes, il est costaud, gainé, mais on se demandait si, physiquement, ça ferait l’affaire. Et on l’a vu… Il a explosé aux Pays-Bas, il a prouvé à tout le monde que malgré son gabarit, il peut jouer à ce poste et face à de grands défenseurs», avait indiqué la saison dernière son coéquipier français au PSV, Olivier Boscagli, sur les antennes de la radio RMC. Le constat est le même en Allemagne, où le droitier s’entend parfaitement avec l’ex-Lensois Lois Openda, lui qui évolue surtout à droite avec Leipzig. Avec les Pays-Bas, il a commencé à gauche avant de basculer à droite.
Xavi Simons, jeune homme pressé. Kylian Mbappé prêchait un convaincu lorsqu’il lui disait qu’il «n’y a pas d’âge dans le football». «Si un jeune de 21 ans est meilleur qu’un jeune de 25 ans, c’est le jeune de 21 ans qui jouera. C’est ce que j’ai toujours à l’esprit», racontait-il pour De Telegraaf en avril. Son mentor se nommait toutefois Neymar, qu’il avait déjà connu au Barça. «Il a assumé une sorte de rôle paternel pour moi. Je lui en serai toujours reconnaissant. C’était un grand rêve de jouer avec mon idole et il est toujours une personne importante pour moi», se souvenait-il en septembre, à Sky.
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Reste à savoir de quoi l’avenir sera fait pour Xavi Simons. Déjà sous le charme, les dirigeants de Leipzig ne cachent déjà pas leur envie de prolonger son séjour en Allemagne. Ils le font très ouvertement. Certaines sources se sont même laissé aller à parler d’un accord en ce sens. Selon nos informations, c’est totalement faux. Il n’y a même pas de discussion en ce sens. Toutes les options sont sur la table et aucune décision ne sera prise avant de longs mois. Presque toutes les options. Xavi Simons pourrait très bien revenir à Paris pour s’y imposer ou voir son prêt à Leipzig prolongé, voire partir ailleurs, en prêt. Car dans tous les cas, l’hypothèse d’un transfert en 2024 est la moins probable de toutes à l’heure qu’il est. Il ne faut jamais dire jamais, mais on ne voit pas bien ce qui pourrait amener à cette décision. En attendant, place à Pays-Bas – France, une affiche qui pourrait permettre à Xavi Simons de renforcer son statut de grand espoir, voire le faire passer un peu plus dans une autre catégorie.