Envoyés spéciaux à Marseille

COUPS DE CŒUR

Et revoilà l’Argentine en demi-finale d’une Coupe du monde de rugby ! Cueillis par un essai de Dan Biggar dans le premier quart d’heure, les Pumas ont fait preuve d’un état d’esprit remarquable pour revenir petit à petit dans cette rencontre et finalement éliminer le pays de Galles (17-29). Même lorsque Tomos Williams a transpercé la défense et inscrit un essai peu avant l’heure de jeu (57e), la sélection sud-américaine n’a jamais lâché. Un essai d’avants de Joel Sclavi (68e) lui a permis de passer devant, avant que l’incroyable interception de Nicolas Sanchez (77e) ne porte l’estocade. La fameuse grinta argentine !

Remplaçant au coup d’envoi, l’ouvreur expérimenté des Pumas (34 ans, 102 sélections) a inscrit l’essai de la gagne en interceptant une transmission mal assurée par Sam Costelow (77e). Adoré par le public argentin, acclamé par le Vélodrome lors de son entrée en jeu à la place de Santiago Carreras, l’homme aux quatre Coupes du monde disputées est encore indispensable aux siens. Et continue d’écrire sa légende à chaque semaine passée en sélection. Pour notre plus grand bonheur.

Comme lors de chaque rencontre du XV du Poireau dans cette Coupe du monde, les supporters gallois s’étaient déplacés en nombre pour soutenir leur équipe. Mais les Argentins n’étaient pas en reste. Au fur et à mesure du match, ils ont peu à peu élevé la voix, jusqu’à prendre le dessus sur la vague rouge. Drapeaux, écharpes, maillots rayés, le stade Vélodrome est petit à petit devenu bleu ciel et blanc. Des couleurs appréciées, ici, à Marseille.

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Après une heure pauvre en jeu et marquée par des fautes de main et des plaquages manqués, il a fallu attendre la toute fin de match pour connaître le sort de la rencontre. Et le stade Vélodrome a pu enfin vibrer ce samedi. Après une succession de pénaltouches, les Argentins sont passés devant au score grâce à un essai de Joël Sclavi à la 68e minute. Les Gallois étaient à deux doigts de revenir sur une action de Louis Rees-Zammit, rattrapé in extremis dans le coin de l’en-but argentin. Puis est venue la fameuse mêlée de la 78e minute, avec la mauvaise passe de l’ouvreur remplaçant Sam Costelow, directement dans le bras de Nicolas Sanchez qui a crucifié les milliers de supporters gallois présents sur place. Difficile d’imaginer le vainqueur du soir inquiéter l’autre demi-finaliste, tant les Irlandais et les All Blacks proposent un meilleur rugby, mais il aura au moins su offrir à ses supporters une nuit de folie. Et puis le rugby n’est pas une science exacte, alors pourquoi ne pas imaginer un nouveau miracle !

COUPS DE GRIFFE

Auteur d’un déblayage musclé sur Nick Tompkins dans le camp gallois (64e), à l’épaule et directement sur la tête, le deuxième-ligne de l’UBB a miraculeusement échappé au carton. Pire, l’arbitre Karl Dickson n’a pas daigné retourner la pénalité et l’Argentine a pu bénéficier d’une pénaltouche à cinq mètres de l’en-but du XV du Poireau. Pendant ce temps, Tompkins sortait sur protocole commotion… Les Pumas ont inscrit un essai quatre minutes plus tard après plusieurs temps de jeu (68e). La polémique risque d’enfler.

L’aventure internationale de Dan Biggar s’achève donc sur un quart de finale. Après un début de match tambour battant, avec 10 points marqués par l’ouvreur en dix minutes, les Gallois ont encaissé 12 points en trente minutes. Biggar fut le symbole de cette déconfiture. Pour son dernier match sous le maillot rouge, il a laissé filer un ballon sur renvoi juste avant la mi-temps, puis a raté son dégagement et s’est exposé à une grosse occasion d’essai des Latins. L’action a débouché sur une pénalité face aux poteaux après un plaquage à retardement de Josh Adams, permettant aux Argentins de repartir au vestiaire avec un débours de seulement quatre points. Les premières minutes de la seconde mi-temps ont été un copier-coller de la fin des vingt dernières de la première, avec des Gallois approximatifs et pénalisés à deux reprises. On pensait le match totalement inversé, mais une faute argentine à la 55e permettait au Gallois de revenir dans le camp adverse et de marquer après 30 minutes de disette… Un come-back insuffisant.

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Il aurait pu être le héros du match. Avec 132 mètres parcourus, il a créé le danger à toutes ses prises de balle. Le jeune prodige gallois était à quelques centimètres d’envoyer son équipe en demi-finale pour la troisième fois d’affilée. Mais son plongeon s’est écrasé sur le poteau de touche… Quelques minutes avant, son coup de pied direct en ballon mort avait coûté très cher à ses partenaires. Il concédait une mêlée à l’entrée de ses 22 mètres. Les Argentins insistaient en force, enchaînant les pénaltouches pour finir par inscrire l’essai décisif (68e). Peut-être aidés par la décision de l’arbitre à la 64e minute sur le déblayage dangereux de Guido Petti. Mais la faute initiale revient à l’ailier gallois.

Sa titularisation avait été une grande surprise. Le vétéran (34 ans, 90 sélections) a été rappelé par Michael Cheika pour apporter toute son expérience dans ce match crucial. Les autres demis de mêlée, Gonzalo Bertranou et Lautaro Bazan Velez, ne demandaient pourtant qu’à enchaîner. D’autant que l’Argentine était l’équipe qui sortait le plus rapidement les ballons des rucks de la compétition. Tomas Cubelli a tenté d’insuffler du dynamisme, mais il s’est trop souvent montré brouillon dans sa distribution du jeu et est fautif sur le premier essai gallois. Seulement cinq petits matches joués cette année avec le Biarritz Olympique pour cause de blessure. Voilà qui n’est sans doute pas étranger à ses hésitations.

Que d’occasions gâchées pour les Gallois ! Pas moins de trois touches perdues en première mi-temps, dont deux dans les 22 mètres adverses, qui auraient pu permettre aux partenaires de Dan Biggar d’alourdir le score. Dans un match marqué par les approximations avec 22 fautes de mains de part et d’autre ! Cette faiblesse a coûté cher aux rouges. D’autant que la mêlée, elle aussi, a été prise en défaut à plusieurs reprises. Pénalisés au sol, les Gallois ont petit à petit perdu la maîtrise de la partie, donnant trop d’occasions aux Argentins qui n’en demandaient pas tant !