La saga de la mise en vente de Manchester United, lancée il y a près d’un an, devrait connaître son épilogue jeudi avec l’arrivée comme actionnaire minoritaire du milliardaire britannique Jim Ratcliffe, fondateur d’Ineos, un scénario qui laisse les supporters dubitatifs.

La famille Glazer doit donner jeudi son feu vert à la cession de 25% des parts du géant anglais, qu’elle dirige depuis 2005, contre le versement d’environ 1,5 milliard de livres (1,7 milliard d’euros) par Ratcliffe, qui souffle mercredi ses 71 bougies.

Le fondateur du groupe pétrochimique Ineos, une des plus grosses fortunes de Grande-Bretagne, se retrouve seul en lice à la suite du retrait du cheikh Jassim Ben Hamad Al Thani, président de la Qatar Islamic Bank (QIB), visiblement lassé par les tergiversations des propriétaires américains.

Ces derniers avaient annoncé en novembre 2022 que le conseil d’administration du club mancunien explorait «toutes les alternatives stratégiques, y compris un nouvel investissement dans le club, une vente ou d’autres transactions impliquant la société».

D’après la presse, ils réclamaient un chèque de 6 milliards de livres (6,9 milliards d’euros) pour la cession totale d’un club acquis en 2005 pour 790 millions de livres (environ 910 millions d’euros).

Déclin sportif

Sous leur règne, l’étoile de Manchester United a pâli, au grand dam des supporters, alors que celle du voisin et rival City a brillé toujours plus. Les Red Devils, champions d’Europe pour la dernière fois en 2008, n’ont plus gagné le moindre titre en Premier League depuis 2013, juste avant le départ à la retraite de l’emblématique Alex Ferguson.

Après une première saison réussie, l’actuel entraîneur néerlandais Erik ten Hag est à la peine en championnat (10e après huit journées) et en Ligue des Champions, où une sortie de route précoce est redoutée après deux défaites initiales.

Les supporters voyaient globalement d’un bon oeil la possible arrivée de Ratcliffe, fan de Manchester United depuis l’enfance. Mais ils espéraient, comme lui, une prise de contrôle totale de la part du patron d’Ineos, déjà propriétaire de l’OGC Nice (L1 française), de Lausanne-Sport en Suisse, et également engagé financièrement en cyclisme et en Formule 1.

Si la prise de participation à hauteur de 25% se confirmait, «un certain nombre de questions concernant la transaction doivent être clarifiées avant que les supporters ne puissent se prononcer sur ses mérites», a prévenu le Manchester United Supporters Trust, qui représente une partie des inconditionnels du club.

«Le résultat doit inclure de nouveaux investissements dans le club. Il ne peut s’agir uniquement des intérêts des actionnaires, qu’ils soient existants ou nouveaux».

Retrait qatari

En matière d’infrastructures, le stade d’Old Trafford reste le plus grand de Premier League (environ 75.000 places), mais il a vieilli durant les années Glazer. Celui de Manchester City, bien plus moderne, a par exemple été préféré pour accueillir l’Euro-2028.

Le cheikh Jassim avait lui promis d’investir des montagnes d’argent pour un nouveau stade, un centre d’entraînement tout neuf et des transferts de grands joueurs, faisant en outre la promesse de liquider la dette du club, selon la presse. Mais le Qatari a retiré son offre dans la dernière ligne droite, a appris l’AFP d’une source proche du dossier, confirmant une information de la BBC.

Les fans des Red Devils apparaissent circonspects, au mieux, devant le scénario final qui se dessine, dans lequel la famille Glazer conserve le contrôle malgré l’entrée au capital de Ratcliffe.

«Comment un actionnaire minoritaire peut-il arrêter le déclin culturel de toute une organisation si les personnes qui ont supervisé ce déclin détiennent toujours la majorité des actions?», a taclé Gary Neville, ancien capitaine de United, sur les réseaux sociaux.