La transition écologique est encore trop onéreuse pour les ménages français. Acheter une voiture électrique ou investir dans la rénovation thermique de son logement a un coût qui reste dissuasif pour une majorité de Français, selon l’Institut de l’économie pour le climat I4CE, un think thank français. Et ce, malgré l’augmentation «significative» des aides soulignée par les auteurs. Particularité de cette étude publiée jeudi en plein débat budgétaire au Parlement, elle analyse dans le détail la mécanique du budget des ménages.

Quel est le reste à charge si on change de chaudière ou de fenêtres tout en isolant ? Quel est le temps de retour sur investissement si on s’achète une voiture électrique ? Quelles économies d’énergie ou de carburant peut-on attendre comparées aux mensualités de prêt si l’on s’endette ? Conclusion : «les conditions économiques ne sont pas réunies aujourd’hui pour que tous les ménages puissent investir», avec le risque que cela «génère un rejet des politiques de transition» et conduise «collectivement dans une impasse».

Ce constat sans appel n’est pas sans remède. Les auteurs, qui soulignent au passage que les freins à la transition énergétique ne sont pas uniquement pécuniaires, suggèrent au législateur des pistes de changement pour les onze programmes d’aide actuels, six pour la rénovation dont la TVA à 5,5% sur les travaux depuis 1999, cinq pour la mobilité électrique. L’argent public prend en charge 25% à 60% de l’investissement, selon les barèmes.

De plus en plus indexées sur les revenus, ces aides sont «environ deux fois plus élevées pour les ménages modestes que pour les ménages aisés». Des effets de seuil brouillent cependant la prise de décision pour une moitié de la population, ceux qui ne sont ni pauvres ni riches : «ils font varier les montants d’aide de plusieurs milliers d’euros», pointe l’étude.

L’étude distingue trois catégories, les 30% de ménages «modestes» avec les revenus les plus bas, les 20% de ménages «aisés» avec les revenus les plus hauts, et les classes moyennes qui représentent la moitié de la population. Même avec un prêt à taux zéro, souligne cependant l’institut, «le financement du reste à charge continue de se heurter à (la) capacité d’endettement» des ménages : il représente plus d’un an de revenus pour les classes moyennes, et 10 ans ou plus pour les ménages les plus modestes.

Concernant les voitures, «lorsqu’on compare l’achat d’une citadine électrique standard neuve avec le fait de garder une vieille voiture essence, cet investissement ne se rentabilise sur 20 ans pour aucun ménage», relève l’étude.