Le ministre des Comptes publics Thomas Cazenave a annoncé jeudi devant le congrès de la Confédération des buralistes une «nouvelle opération coup de poing d’ampleur» dans les six mois à venir, pour lutter contre le trafic de tabac.

«Lutter contre le trafic de tabac, c’est un enjeu économique, un enjeu sanitaire, mais aussi un enjeu de sécurité. Je connais vos inquiétudes en la matière», a indiqué le ministre devant le parterre de commerçants réunis à Paris pour deux jours de congrès annuel. «J’ai demandé à la douane de préparer un Colbert 2» après une première opération appelée Colbert menée avec douane, police et gendarmerie, du 31 mai au 6 juin, a-t-il détaillé. «Laissez-moi vous donner quelques chiffres qui permettent de prendre la mesure de cette opération. Sur une semaine, cela représente 5200 agents mobilisés, dont 2900 douaniers, 1200 constatations et 58 interpellations, près de 9 tonnes de tabac saisies».

Peu de temps avant cette annonce, Philippe Coy, le président de la Confédération des buralistes, mentionnant cette opération Colbert, indiquait : «Nous attendons que ce type d’opérations se déroule plus régulièrement afin que l’étau ne se desserre pas». Sans vouloir donner trop de détails sur la future opération, Corinne Cléostrate, sous-directrice aux douanes chargée de la lutte contre la fraude, a rappelé que l’opération Colbert 1 avait ciblé tous les points de trafic, «points de vente à la sauvette, contrôles des commerces, bars à chicha, épiceries, salons de coiffure», ainsi que les aéroports et été l’occasion d’une opération «rare» de filtrage aux frontières. Dans le trafic de tabac, «on commence à avoir des réseaux criminels type stupéfiants, car c’est plus simple de faire du trafic de cigarettes», a reconnu la directrice générale des Douanes Isabelle Braun-Lemaire.

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Le ministre a également annoncé que le gouvernement allait dès l’année prochaine «déployer de nouveaux scanners mobiles sur les plateformes portuaires» et aussi «augmenter de 25% le nombre d’équipes de maîtres-chiens anti-tabac d’ici 2025». Il a rappelé que les peines pour trafic de tabac avaient été alourdies : «Nous avons ainsi porté de 1 à 3 ans la peine d’emprisonnement encourue pour la fabrication ou la détention frauduleuse en vue de la vente de tabac. Cette peine est portée jusqu’à 5 ou 10 ans lorsque ces infractions sont réalisées en bande organisée». Par ailleurs, par le biais du Conseil d’évaluation des fraudes installé il y a quelques jours, le ministre souhaite que «la douane avance dans l’évaluation et l’analyse du marché parallèle des produits du tabac. Nous devons avoir des chiffres clairs sur la réalité du marché parallèle de tabac pour nous fixer des objectifs ambitieux de lutte contre la contrebande».

Enfin, en matière de sécurité des bureaux de tabac, Thomas Cazenave a suggéré que l’application «Stop Trafic Tabac», utilisée pour faire remonter des infos sur le trafic par les buralistes, soit complétée «pour en faire un outil d’alerte en cas de risque de sécurité dans vos commerces». Interrogé par un buraliste sur l’injonction récente du Conseil d’État de se conformer à la législation européenne sur la quantité de tabac autorisée à l’importation en France, le ministre a proposé «que de manière urgente, on travaille avec la confédération (des buralistes) et qu’on imagine une série de mesures pour affronter cette difficulté ensemble».