Le tribunal administratif de Paris a tranché en faveur du propriétaire d’un dessin de Vinci estimé à plusieurs millions d’euros et enjoint la ministre de la Culture de permettre sa vente à l’étranger, a-t-on appris d’un communiqué du tribunal vendredi. «Le tribunal administratif de Paris enjoint à la ministre de la Culture», à l’époque Roselyne Bachelot, aujourd’hui Rima Abdul Malak, «de délivrer le certificat d’exportation permettant la sortie définitive du territoire français de l’étude attribuée à Léonard de Vinci», précise le communiqué.
C’est une déconvenue pour l’État, qui souhaitait initialement acquérir l’étude représentant le martyre de Saint-Sébastien, rare dessin de Léonard de Vinci détenu par une personne privée. Après avoir tenté de l’acheter, le ministère de la Culture s’était opposé en 2021 à la volonté du propriétaire de vendre l’œuvre à l’étranger, arguant qu’elle pourrait avoir été volée et qu’une plainte en ce sens avait été déposée fin 2020.
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Le tribunal a cependant estimé que «les éléments invoqués par la ministre de la Culture ne constituent pas des présomptions graves et concordantes de la provenance illicite du bien». «Une grande victoire», pour Olivier Baratelli, avocat du propriétaire. «Cet exceptionnel dessin de Léonard de Vinci, longtemps privé d’exposition au grand public en raison de revendications farfelues, va enfin pouvoir être présenté et vendu», a-t-il déclaré à l’AFP. Selon son avocat, le propriétaire désormais octogénaire devrait prochainement confier son œuvre à la maison Christie’s. Sollicité par l’AFP, le ministère n’avait pas répondu dans l’immédiat.
Cette décision s’inscrit dans un bras de fer vieux de plusieurs années qui oppose le ministère de la Culture à Jean. B, le médecin à la retraite propriétaire de l’œuvre. Oublié pendant près de soixante ans, sans que personne ne soupçonne l’identité de son auteur, le dessin, pas plus grand qu’un mouchoir de poche, a été découvert en 2016 lors d’un déménagement.
Après plusieurs expertises, la valeur de l’étude attribuée à Léonard de Vinci explose et atteint une fourchette de 8 à 12 millions d’euros. Rapidement, le ministère de la Culture classe l’œuvre en trésor national, une procédure qui permet d’interdire son exportation et lui laisse trente mois pour l’acquérir au bénéfice du musée du Louvre.
En juillet 2019, le ministère fait une offre de 10 millions d’euros à Jean B., qu’il refuse. Faute de pouvoir s’aligner sur les 15 millions d’euros de la dernière estimation, l’État renonce à l’acquisition mais refuse par la suite de délivrer un certificat d’exportation, arguant que l’œuvre pourrait provenir d’un vol. Le dessin a également fait l’objet de démêlés entre son propriétaire et la maison de vente Tajan qui avait effectué sa première expertise. Un différend finalement soldé par un accord amiable.