Certains projets sont sur la sellette, mais pas l’A69. «L’État est déterminé à le faire aboutir», puisqu’il a «été décidé démocratiquement et confirmé systématiquement par le juge», a rappelé le ministère chargé des Transports ce lundi. L’avenir de l’autoroute Toulouse-Castres, très décriée, a ainsi été tranché, alors que les militants écologistes gardaient l’espoir qu’elle soit tout bonnement abandonnée. Le 26 septembre dernier, le ministre délégué chargé des Transports, Clément Beaune, avait en effet annoncé que «plusieurs projets» autoroutiers seraient «arrêtés» au nom de la «planification écologique». «Je prendrai des décisions fortes dans les prochaines semaines», avait alors affirmé Clément Beaune, indiquant que des discussions étaient «encore en cours» sur d’autres dossiers autoroutiers. Quels sont, justement, ces projets en cours dans le pays ? Le Figaro fait le point.

Outre l’A69, le prolongement de l’A104 dans la partie nord-est de Paris est déjà bien avancé. Le but étant de contourner l’aéroport de Paris-Charles-de-Gaulle au nord-est. Géré par la direction des routes d’Île-de-France (DiRIF), qui nous apprend qu’«après la partie sud ouverte mi-2022, l’ouverture à la circulation du reste du linéaire de l’A104 (entre le Mesnil-Amelot et l’A1), interviendra progressivement entre fin octobre et mi-novembre». L’inauguration étant prévue dans les prochains mois, à la fin de l’année 2023. En parallèle, une grande campagne de rénovation des chaussées de l’A104 est également en cours. Des travaux qui représentent un investissement de 4 millions d’euros, financé par l’État et la Région, pour rénover 20 km de voie, nécessitant 35.000 tonnes d’enrobés.

Du côté des dossiers toujours en discussion, le contournement de Rouen (A133 et A134) est l’un des quatre projets autoroutiers identifiés comme «prioritaires» par le gouvernement. Il s’agit pourtant d’une très vieille ambition visant à désengorger l’agglomération, qui attend toujours son concessionnaire. Mais comme les recours juridiques ont été rejetés et son utilité publique confirmée, le projet est toujours en cours : l’envoi du dossier de consultation aux candidats retenus a été validé, et la remise des offres par les candidats est attendue avant la fin de l’année. S’ensuivra une phase d’analyse, puis de négociation avec le concessionnaire retenu avant l’entrée en vigueur du contrat de concession vers la fin de l’année 2025.

Autres projets en discussion : celui de la liaison autoroutière entre l’A154 et l’A120 qui doit permettre d’achever l’axe transversal entre Rouen et Orléans en reliant entre eux des morceaux de voie rapide déjà existants et en construisant des déviations à Chartres et Dreux. Mais aussi celui de l’A412, baptisé «LMT» pour «Liaison Machilly Thonon-les-Bains». Il doit permettre la création d’une courte liaison autoroutière de 16,5 km entre Machilly et Thonon-les-Bains, près du lac Léman en Haute-Savoie. Un projet déclaré d’utilité publique après l’annulation de projets plus ambitieux.

D’autres projets, plus ou moins aboutis et faisant parfois débat depuis des années, sont dans une telle situation. Le premier d’entre eux est l’A31bis, imaginé pour améliorer l’axe Nancy-Metz-Luxembourg et permettre la «réduction de la congestion routière» dans la région Grand Est. Si la concertation publique est achevée, il n’en demeure pas moins que ce projet lancé en 2015 serait toujours en discussion avec les services ministériels.

Même chose pour le contournement d’Arles (A54) qui ne devrait pas être réalisé avant 2040 «dans le meilleur des cas» selon les spécialistes. En attendant, un élargissement de l’autoroute serait «éventuellement envisageable à long terme si le trafic l’exige» sauf qu’aujourd’hui «les ouvrages d’art ne sont pas dimensionnés en conséquence». L’élargissement de l’A63 au sud de Bordeaux est aussi débattu : très décrié, le projet propose un aménagement en 2×3 voies de l’autoroute A63 entre la rocade de Bordeaux et l’échangeur n°21 (35 km) et la remise à niveau autoroutière de l’A660 vers Arcachon.

Enfin, même si son sort n’a pas encore été officiellement tranché : l’avenir de l’A147 – qui prévoit de relier Limoges à Poitiers en moins d’une heure – ne laisse plus trop de place au doute tant le projet est décrié à la fois sur le volet financier qu’environnemental. Récemment, Clément Beaune s’était même exprimé sur France Bleu à ce sujet, le qualifiant de «mauvais». «Je ne vais pas faire durer le suspense, même si on donnera toutes les réponses en même temps, mais je ne pense pas que ce soit un bon projet (…) Il faut investir sur la route actuelle, c’est mieux sur le plan environnemental», avait-il affirmé.

En attendant que la liste officielle soit dévoilée «à l’automne, dans les prochaines semaines» selon les dires du ministère de la Transition écologique, le flou demeure quant à la question de savoir quelles nouvelles autoroutes verront vraiment le jour. Les réunions avec les élus locaux concernés ainsi qu’avec les associations écologistes se poursuivent à ce sujet. Mais le ministre a déjà prévenu qu’on ne pouvait «pas faire comme avant». Lui a d’ores et déjà affirmé que certains «projets en cours» verraient «leurs impacts sur l’environnement» être réduits, tandis que ceux «qui ne sont pas encore lancés» pourraient soit être maintenus «parce que certains sont utiles», soit être «arrêtés».

Mais quels sont les critères retenus par le ministère pour décider d’arrêter ou non un projet déjà engagé, parfois depuis de nombreuses années ? Le choix sera fait «au regard des enjeux actuels», parmi lesquels sont citées «la lutte contre l’artificialisation des sols» et «la réduction des émissions de CO2», précise le ministère, qui tient également «en même temps» à prendre en compte «l’intérêt socioéconomique» de l’autoroute envisagée, de «l’acceptabilité locale» et de l’apport en termes «d’aménagement et de désenclavement des territoires».