Siya Kolisi le reconnaît lui-même. «Honnêtement, c’est tout le travail accompli qui a porté ses fruits. Aujourd’hui, c’était vraiment moche, mais il faut aussi en passer par là pour être champions», avance le flanker et capitaine des Springboks. Son équipe a été longtemps baladée par le jeu au pied incessant des Anglais, mais elle a réussi à se sortir du piège tendu au Stade de France (16-15). Et elle défendra son titre, samedi prochain, face à la Nouvelle-Zélande.
«L’Angleterre a été excellente dans le jeu au pied, elle nous a dominés dans ce domaine. On a terriblement manqué de discipline en première mi-temps, en particulier dans les zones clés où ils pouvaient prendre des points, reconnaît le futur joueur du Racing 92. Mais, en deuxième mi-temps, on a réussi à revenir à la force du poignet. On a montré qui on est et ce qu’on est capables de faire à 23.»
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Une fois de plus, le banc des Springboks a fait la différence. Avec les entrées décisives de Handré Pollard, qui a passé une transformation et deux pénalités dont celle de la gagne, et de RG Snyman, qui a marqué l’essai (le seul de la rencontre) qui a relancé les siens. «On avait besoin d’énergie, on a donc décidé de faire entrer les remplaçants. On a la chance d’avoir un groupe où il n’y a pas beaucoup de différence entre titulaires et remplaçants. On avait besoin d’énergie et ils nous l’ont apportée», salue le sélectionneur Jacques Nienaber. Et de préciser : «Quand on compose notre banc, les gens se concentrent sur le nombre d’avants mais l’important, c’est le groupe et sa qualité. S’ils entrent sur le terrain, c’est parce que les titulaires ont posé les bases du match. On ne peut jamais estimer l’impact des titulaires mais ils fatiguent l’adversaire. On n’a pas d’équipe A ou d’équipe B. On ne marche pas comme ça. »
Et Handré Pollard, entré en jeu dès la 31e minute au relais d’un Manie Libbok décevant, a finalement crucifié les derniers espoirs des Anglais. Faisant, in extremis, virer son équipe en tête pour la première fois du match. «Je n’avais aucun doute, je savais qu’il la passerait comme il l’a fait par le passé», souligne Siya Kolisi. Rappelant que c’est grâce à sa première ligne et une mêlée victorieuse que les Boks ont pu s’imposer. «C’est la victoire de tout un groupe. La plupart des joueurs auraient baissé les bras mais pas nous, insiste-t-il. Quand on gagne, c’est toute l’Afrique du Sud qui gagne. Cette mêlée, c’est la victoire de Vincent (Koch), d’Ox (Nche), de Bongi (Mbonambi). Quand Handré (Pollard) a passé cette pénalité, c’était un vrai soulagement pour l’ensemble de ce groupe. »
Bousculés, les Sud-Africains n’ont jamais douté, à les entendre. «Je ne dirais pas qu’on a galéré, avance ainsi le pilier Steven Kitshoff. L’Angleterre avait un plan de jeu précis et l’a parfaitement mis en place. Ils nous ont mis sous pression et on a eu du mal à ressortir les réceptions. Heureusement, nos remplaçants ont fait le travail en deuxième mi-temps. Sur les pénalités, ils nous ont fait gagner pas mal de mètres et c’est comme ça qu’on a gagné le match.» Et le demi de mêlée Cobus Reinach d’ajouter : «On connaissait le plan de jeu, c’est une équipe qui joue énormément au pied, ils ont planifié leur tactique parfaitement mais on a trouvé les solutions. Tout le monde sait qu’on aime le côté physique du jeu, ils s’y sont préparés et on s’y attendait.»
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Rassie Erasmus, maître tacticien, et le staff des Springboks qui ont failli se faire surprendre par le XV de la Rose, vont avoir seulement six joueurs pour préparer la finale contre le rival historique néo-zélandais. Le sélectionneur Jacques Nienaber prend la chose avec humour : «Il va falloir qu’on travaille pour nous améliorer. Surtout si la Nouvelle-Zélande décide d’utiliser la même tactique…» Pas le genre des All Blacks, en effet. On devrait moins s’ennuyer samedi prochain.